Les autres découvertes de la radiesthésie
Du côté des religieux, notons par exemple les travaux d’Athanasius Kircher (1602-1680) qui publie deux ouvrages Mundus subterraneus (1665) et Traité de philosophie occulte (1678) dans lesquels, tout en refusant aux baguettes la faculté de découvrir les métaux, accorde son importance pour la découverte des sources. Un de ses homologues jésuites, le père Jean François (1582-1668) s’intéresse lui aussi à la découverte de l’eau à travers un ouvrage qu’il publie en 1655 Traité de la science des eaux.
I – L’abbé de Vallemont
Ce cantonnement de l’utilisation de la baguette pour l’eau se poursuit dans les travaux de Saint-Romain et son ouvrage la Science naturelle dégagée des chimères de l’école qui fait passer la découverte de l’eau comme une attribution magique (et plus précisément occulte) à celle des effluves d’esprits ou de corpuscules avec une comparaison de l’utilisation de la baguette à celle de la physique du ressort.
De la découverte de l’eau, les religieux vont progressivement accorder la possibilité de découverte de nombreux autres éléments comme les métaux, à l’image du père Lebrun, du père Malebranche ou de l’abbé de la Trappe M. de Rancé.
Un autre Jésuite se distingue dans ces tentatives d’explication du phénomène, notamment après les exploits de Jacques Aymar : l’abbé de Vallemont (1649-1721) de son vrai nom l’abbé Le Lorrain professeur de physique au collègue Louis-le-Grand. Cet auteur est connu aujourd’hui non pas tant pour son ouvrage La physique occulte ou Traité de la Baguette divinatoire (1693) que pour les illustrations qu’il y contient. Il analyse les baguettes comme un tremblement de son possesseur. Son analyse fut d’un grand succès avant aujourd’hui de n’être plus qu’un vague souvenir historique.
Physica Curiosa de Gaspard Schott |
Du côté des expérimentateurs. Notons le travail de Jacques le Royer à Rouen qui publie en 1674 le Traité du bâton universel qui reste connu par les radiesthésistes pour la nature de l’outil qu’il peut utiliser. Cette baguette, ce « bâton universel » qui « peut être fait d’os, de métal, d’ivoire ou de corne de bœuf et qu’un tronc de choux fera l’affaire ». Ce travail d’un homme respecté, car Le Royer était un avocat du parlement de Rouen, permet d’assoir la discipline assez discréditée dans cette période, notamment à travers les démonstrations publiques qu’il a réalisées et qui ont prouvé les vertus de l’instrument (et la légende dit qu’il aurait convaincu le père Jean François dont il vient d’être fait mention). Notre homme du monde écarte toutefois l’utilisation de la baguette pour les choses du monde moral.
Le père et scientifique Gaspard Schott (1608-1666) est à noter également dans cette histoire car c’est la première fois avec lui que l’on mentionne le pendule qui est utilisé pour rechercher l’or. Cet instrument porte alors le nom de pendule explorateur dans son ouvrage Physica Curiosa Subteranea
II – La naissance de la radiesthésie
La radiesthésie va acquérir une place centrale au début du XXe siècle. Cela n’est pas dû au hasard mais à la découverte des ondes radios. Les hommes d’esprit de l’époque y voient la possibilité d’existence de lien invisible entre en centre émetteur et récepteur que peut être l’homme avec la nature, à l’image de l’antenne radio avec le poste de radio. Cette période voit également l’apparition de grands noms de la discipline.
III- L’abbé Bouly : l’inventeur de la radiesthésie
Alexis Bouly Timothée est né le 11 décembre 1865 à Condette (où il meurt le 29 janvier 1958) d’un père charron devenu adjoint au maire de 1889 à 1909 et d’une mère lingère, Euphrasine Fauqembergue. Il rentre au petit séminaire de Boulogne-sur-Mer en 1879, est admis bachelier ès lettre avec la mention passable en juin 1886 avant d’intégrer en septembre de la même année le grand séminaire d’Arras. C’est après quatre années d’apprentissage qu’il est ordonné prêtre et devient curé de Wirvignes. Vif d’esprit et toujours assoiffé de connaissance, il enseigne à Béthune, est admis à La Sorbonne pour étudier les Belles-Lettres. Sa nomination comme professeur au collège Saint-Stanislas de Boulogne s’accompagne en 1898 de la poursuite de son apprentissage à Paris des langues étrangères (anglais et allemand), tout en poursuivant ses activités auprès de l’église.
Entre 1900 et 1909 il est supérieur du collège Saint-Stanislas de Boulogne. L’évêché d’Arras le nomme en juillet 1910 à Hardelot (et également à Condette) afin d’apporter une présence religieuse dans cette ville maritime, dont sir John Whitley, propriétaire du château veut en faire une station balnéaire de premier rang.
a. La découverte de la radiesthésie
C’est là qu’en 1913 il découvre l’utilisation du pendule grâce au géologue Jacques de Lapparent. Il dira que « La baguette tournait mieux avec moi qu’avec lui ». Il lui faudra tout de même du travail pour parvenir à des résultats concluants, comme il en témoigne : « Ce n’est que par un travail acharné, une pratique constante, que l’on peut arriver à obtenir un résultat ».
Curieux, l’abbé Bouly découvre la baguette de coudrier et arpente la campagne de sa nouvelle paroisse à la découverte de différentes sources. Ces premières découvertes commencent à lui attribuer une notoriété locale car il fait forger de nombreux puits découverts à des profondeurs conséquentes. La formation pendule ou la formation radiesthésie est essentielle pour découvrir tous ces rouages de l’utilisation du pendule ou de la radiesthésie.
b. D’une reconnaissance française…
Les premiers forages lui procurent une reconnaissance locale importante. Son talent dans ce domaine s’exerce avec des exploits hors du commun, notamment en 1922 lors d’une grande sécheresse Mais sa curiosité ne l’arrête pas au travail de sourcier. Il poursuit son travail, toujours avec autant de succès, aux fouilles archéologiques, mettant à jour de nombreux souterrains. Enfin, il se créé une importante clientèle grâce à ses diagnostics médicaux.
La ville de Lens fait également appel à ses services après la première guerre mondiale dans le cadre de la restauration de l’église Saint-Léger gravement endommagée durant le conflit. Il met en évidence des cavités impropres à supporter les fondations de l’édifice.
Sa réputation et se succès amène l’armée à faire appel à ses services pour trouver les obus de la première guerre mondiale. Ce sont tout d’abord les militaires britanniques qui font appel à lui pour enlever les bombes stockées sur le littoral puis le ministère de la guerre pour déminer le nord de la France. La légende raconte qu’il indiquait même l’origine de l’armement retrouvé : français ou allemand.